Tiroir de la conteuse

Falling in love (Valen)

Ce court texte est une fanfiction basée sur le jeu vidéo de Bioware : Neverwinter Nights, et ses extensions : Shadow of Undertide & Hordes of the Underdark.

Le récit raconte comment le compagnon de mon personnage est tombé amoureux d’elle. ^^

Des myriades de mercis à Bioware pour les romances qu’ils nous écrivent et donnent une dimension humaine aux jeux de rôles de jeux vidéo ! Celle de Valen est ma préférée !

Quand il vit une Elfe de la surface se tenir devant lui et la Prophétesse comme la sauveuse annoncée, le Tieffelin haussa un sourcil. Il se rappelait les tromperies dont il avait fait les frais par ceux « de la surface ». Il ne voyait pas sa beauté atypique, seule sa méfiance incarnée lui faisait face.

« Heally Do’Ruilaralesti, dit doucement la Prophétesse en tendant la main. Ne craignez rien. Je suis la Prophétesse, servante de notre dame Eilistraë. »

Valen la détailla du regard de pied en cape. Elle portait une armure de cuir assez négligée et sale. Cependant, portait à la main droite, un arc long couvert de runes elfiques qui semblait flambant neuf. Visiblement elle faisait peu cas de sa protection, mais son arc était une arme de mort entretenue.

L’Elfe de lune posa ses grands yeux d’un bleu profond de lapis-lazuli sur la Drow en robe blanche tenant un bâton d’ivoire. Elle tourna tranquillement le regard vers lui et mit son arc en bandoulière avec lenteur et précision, de sorte qu’il pût toujours voir ses mains. Puis, de la même manière, elle fixa la Prophétesse et esquissa un léger sourire courageux. Ce sourire intrigua une seconde le maître d’arme avant que la méfiance ne lui fasse oublier son trouble.

« Prophétesse, que fais-je ici ? Le mage fou de Montprofond m’a lancé un sort de Quête pour stopper… La Valsharesse. Alors, que faites-vous dans cette affaire ? » questionna-t-elle à voix douce dans un murmure qui obligea le Tieffelin à tendre l’oreille.

Elle vit et reconnut Nathyrra, la Drow qui l’avait guidée au plus profond de Montprofond. Elle lui adressa un sourire rassuré avant de baisser les yeux sur le petit kobold à côté d’elle.

La discussion qui suivit fit frémir le Tieffelin de colère et d’appréhension. Car les dieux n’étaient, de son avis, pas infaillibles et aussi trompeurs que les démons ou les diables. La croyance aveugle de la Prophétesse envers quelqu’un de la surface indiqué par sa déesse était pour lui de l’inconscience, ou pas loin.

Au fil des heures, des jours, des semaines et surtout, des combats… Cette inconnue fit plus que ses preuves. Elle lui avait même donné l’espoir d’une vie à la surface avec ses paroles douces, flatteuses, mais sincères. Comme si elle ignorait le mensonge avec innocence et fermeté.

Elle discutait et parlait fréquemment avec lui. Dès qu’il avait une remarque à faire, elle était à son écoute avec attention. Elle ne parlait toutefois d’elle que rarement, lorsqu’elle faisait allusion à la surface ou à ses aventures passées avec Deekin. Elle disait alors être venue à Eauprofonde pour retrouver une amie disparue. Il avait été impressionné par ses titres de gloire et cela contribua à éloigner sa méfiance.

Après une rude bataille, quand ils purent prendre du repos, il l’avait vue s’éloigner du camp et l’avait suivie. Ce soir-là, il vit ses larmes couler dans un silence total, assise sur un rocher, une main posée sur la tête de son compagnon loup. Valen avait été surpris, mais il connaissait ces pleurs silencieux. Lors de leur premier combat ensemble contre les Drows, il l’avait vue dispenser la mort de ses flèches avec le visage baigné de ces mêmes pleurs.

« Pourquoi pleurez-vous ? lui avait-il demandé alors qu’elle contemplait les corps du coin de l’œil.

— Je ne voulais pas les tuer, » avait-elle soufflé dans un chuchotement à peine audible.

Il lui avait répliqué que c’était tuer ou être tué, auquel elle avait répondu oui, mais à choisir, elle préférerait être tuée.

Sa voix, à ce moment-là, avait été blanche, comme hantée, et il n’insista pas.

Maintenant il savait que lorsqu’elle pleurait, elle se rappelait les siens qu’elle avait massacrés sans le vouloir, et qu’elle était terrifiée d’y prendre goût.

Il avait eu peur pour elle lorsqu’elle s’était battue seule contre la Valsharesse. Plus tard, elle lui raconta que le combat avait été âpre, de longue haleine. La première pensée qu’elle avait eue en achevant Méphistophélès avait été de se venger de lui. Parce qu’il ne lui avait pas laissé le temps de goûter au sang encore chaud de son adversaire enfin vaincue.

Avant cela, en Outreterre, elle avait chanté. Valen avait déjà fredonné quelques airs durant leur voyage, mais il ne l’avait encore jamais entendue. Aux premières notes, Deekin avait ouvert grande la bouche, puis galopé pour retrouver l’Elfe de lune seule sur une corniche. Valen fut d’abord surpris par le Kobold, car il n’avait rien entendu et Deekin l’entraîna à sa suite. Plus ils s’étaient approchés, mieux ils avaient entendu ce doux refrain des Amants retrouvés. Le barde kobold s’était assis aux pieds de l’Elfe pour tout à coup l’accompagner au luth. Il avait semblé sous le charme et oublieux du danger. Au son de cette voix de cristal et de velours, coulant comme un vin chaud, Valen s’était, lui aussi, sentit sous le charme de cette sirène. La voix de l’Elfe argentée était splendide, symphonique, pleine de nuances et de tons subtils. Pleine de douceur, de force, de vie et de mort.

Ce fut à ce moment dans Outreterre et ses ténèbres que son cœur battit plus vite, pour la première fois depuis bien longtemps, et qu’il admit lui devoir des excuses.

Il y avait aussi des fois où elle ne dormait pas, bien que le voyage se fût découlé sans heurt.

Quand cela arriva pour la première fois, il ne s’inquiéta pas parce qu’ils venaient à peine de quitter Lyth My’Athar. Le lendemain cependant, elle ne dormit pas non plus, ni le troisième soir, ce qui commença à le préoccuper. Elle le cachait, croyant qu’ils dormaient, mais lorsque Valen l’observait, elle semblait angoissée. Cela attisa sa méfiance jusqu’au troisième soir d’une autre période d’insomnie où il la vit pleurer et l’entendit gémir tout bas. Aux lèvres, elle n’avait qu’une seule question :

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Maintenant qu’il y repensait, la Traqueuseaube avait été bien souvent parmi eux. Heally avait beaucoup trop eu peur des ténèbres de l’Outreterre, car privée de la lumière maternelle de la lune.

« Vous êtes harassée, vous devez vous reposer, lui dit-il un soir en sortant de l’ombre.

Elle était assise à l’écart du feu, sur un rocher, et, se tenait le front d’une main fébrile. Elle sursauta.

— Valen ? Ah… Pardonnez-moi si je vous ai réveillé, s’excusa-t-elle tout bas en levant vers lui ses immenses yeux.

— Vous ne tiendrez pas longtemps dans cet état de fatigue, murmura-t-il gravement en s’accroupissant et l’observant d’un œil inquisiteur. Peut-être qu’en parler vous réconfortera ?

La panique et le désespoir décomposèrent en un bref instant le visage de l’Elfe argentée. Elle trembla, puis sourit encore courageusement.

— Non. Ca va aller, Valen, j’ai l’habitude maintenant. Ça va passer, je vous le promets. »

Puis, au soir suivant, il la vit épuisée et hantée comme les autres derniers soirs de ces périodes. Rassuré sur sa loyauté et son courage, cette fois-là, il ne la laissa pas souffrir seule. Il retira sa cape et la posa sur ses frêles épaules en s’asseyant à côté d’elle.

« Reposez-vous. Je resterai près de vous.

Elle le regarda avec surprise avant de lui sourire comme s’il venait de lui faire le plus beau cadeau qui soit.

— Merci, merci infiniment… »

Elle posa sa tempe contre l’épaule du Tieffelin et s’endormit lentement. Ses yeux luttèrent pour rester ouverts et elle serrait ses mains l’une sur l’autre. La voyant repousser ainsi le sommeil malgré tout, il posa sa main gantée sur les siennes et les pressa. Malgré l’inconfort de son épaule couverte de plaques d’armure, elle finit par fermer les yeux en gardant la main du maître d’arme entre les siennes. Comme une enfant qui serre un charme contre les terreurs nocturnes.

Ce fut à cet instant qu’il fut touché plus encore au cœur et tomba amoureux d’elle.

Elle était si tendre et fragile durant ces moments qu’on ne voyait plus en elle qu’une dame en détresse à la beauté tragique.

Valen observait le visage rond de l’Elfe endormie contre lui. Les longs et soyeux cheveux or et argent coulaient sur ses bras. Ses yeux y virent tant de douceur que sa main gantée y glissa. Les fleuves de soie ruisselaient, graciles entre ses doigts, de la nuque jusqu’au bas du dos. Hypnotisé par leur fluidité, le Tieffelin entrouvrit les lèvres alors que son cœur battait contre sa poitrine comme un oiseau affolé dans sa cage. Il porta craintivement le regard sur le visage pour vérifier qu’il était toujours endormi et son cœur se calma légèrement.

Puisque sa main gauche était prise par celles de l’Elfe, il porta son index droit à sa bouche pour tirer son gant de cuir en le pinçant entre les dents. Quand celui-ci tomba à terre, il passa à nouveau la main dans les rivières de lumière et d’obscurité. Ainsi, lentement, son cœur battit à une cadence allant crescendo. Ses joues s’enflammèrent et il ferma les yeux, d’abord à demi, puis complètement lorsque son esprit fut emporté par un flot d’émotions. Il frissonna et déglutit, la gorge sèche. Rouvrant les yeux, il les porta une fois encore sur le beau visage aux traits doux et frais. Sur les paupières closes d’immenses lacs, sur les longs cils noirs, sur la bouche aux lèvres tendres à la couleur pêche. Cette bouche, il avait l’envie impérieuse d’y déposer un baiser aussi brûlant que ses lèvres. Ainsi que son cœur fou le lui ordonnait.

Outreterre, la Valsharesse… Il ne pensait plus aux dangers. Pour lui, cette envoyée d’Eilistraë avait fait ses preuves. Sa méfiance envolée, il voyait à présent la souffrance et la tristesse de son visage, même lorsqu’elle souriait.

Depuis plusieurs nuits, ces insomnies, ces murmures, ces pleurs d’âme perdue… Le faisaient se sentir proche d’elle.

Il se pencha pour l’embrasser, craignant à la fois de la réveiller et espérant que son baiser lui livrerait corps et âme. À sa caresse dans ces cheveux, il mourrait de désir. L’aimer, être aimé d’elle. Il réalisa que ce rêve soudain venait de lui transpercer la poitrine comme une flèche aussi mortelle que merveilleuse. Un carreau surpassant en beauté et en inaccessible son souhait d’être un être humain sans part démoniaque.

Son cœur saigna. Il se redressa vivement, les larmes lui montèrent aux yeux. Il était pris entre désespoir et bonheur. Imaginer l’amour et le savoir impossible. Cette nouvelle étincelle d’espoir était la plus brillante et la plus cruelle d’entre toutes. Car si l’objet de son amour disait non, l’étincelle, elle, ne disparaîtrait pas. Il continuerait à l’aimer en imaginant la réciproque possible.

Une larme coula le long de sa joue alors que, serrant les dents et les desserrant lentement, il soupirait en contemplant le visage de la triste endormie.

Lorsque les Drows attaquèrent.

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